vendredi 12 novembre 2010

Sept

Sept

Sept jours, sept nuits par semaine,
La faim nous mord sans arrêt.
C’est la pauvreté qui mène
Sept enfants dans la forêt.
Je suis le dernier. J’égrène
Quelques miettes de ma main
Pour marquer notre chemin.

Les sept oiseaux du mystère,
Sept flèches aux sept couleurs,
Joignant le ciel à la terre
Mangent le pain du malheur.
Les sept enfants solitaires
Sont perdus dans la forêt
Et le chemin disparaît.

L’aile de la nuit effleure
L’étoile des sept sentiers.
Au fond des bois l’ombre pleure.
Tous les sept, morts à moitié,
Nous avons marché sept heures
Sans pouvoir sortir du bois
Où nous tournâmes sept fois.

Mais je vois une lumière
Entre les branches, qui luit.
Arrivent à la chaumière
Les sept enfants de la nuit.
Une femme singulière
Sept fois nous donne à manger :
L’ogresse va nous loger.

J’ai volé les sept couronnes
Des filles après dîner.
Dans la nuit, l’ogre tâtonne.
Les filles ont nos bonnets.
L’ogre a tué les sept gloutonnes.
Au matin, nous avons fui
L’ogre furieux nous poursuit.

L’ogre marche, l’ogre trotte,
Il fait sept lieues d’un seul pas.
Mais il n’a pas de jugeote.
Fatigué, l’ogre s’abat.
Il s’endort. Je prends ses bottes.
Je suis grand. Je vais, je viens,
Le monde entier m’appartient.

J’ai confisqué ses richesses :
J’ai sept coffres remplis d’or,
J’ai sept quartiers de noblesse,
Sept châteaux et sept trésors.
Puis j’épouse la Princesse ;
A la Cour, je tiens mon rang
Et j’honore mes parents.

Le Petit Poucet
(Jacques Charpentreau, Prête – moi ta plume, 1990)

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